Écureuil

Le terme « écureuil » dérive du latin scūriolus, un emprunt au grec ancien σκίουρος composé de σκὶα qui signifie l’« ombre » et d’οὐρά qui signifie « queue ». Le terme désigne ainsi un petit animal faisant de l’ombre avec sa queue. Une étymologie pleine de panache !

Permettons-nous une parenthèse régressive et citons quelques écureuils célèbres : Scrat de L’Âge de glace, évidemment, mais aussi Spip (dont le nom a son correspondant dans le bas-latin esperiolus), fidèle ami de Spirou.

Minute zoologique à présent : il y aurait 264 espèces d’écureuil recensées dans le monde. On est loin de la bipartition roux (« cro mignon ») / gris (« va-t’en ! laisse-moi déjeuner à Central Park tranquillement ! »). À noter que le rongeur mesure de 13 cm (écureuil pygmée africain, Myosciurus pumilio) à 90 (genre Ratufa, outch !).

De quoi l’écureuil se fait-il le symbole ? Aujourd’hui, on répondrait « de l’épargne » sans hésitation. Adopté pour le logo de la Caisse homonyme dans les années cinquante, l’écureuil est l’animal prévoyant par excellence. 

À la Renaissance, l’écureuil est un symbole de l’Annonciation, rare s’il en est. Dans les temps anciens, l’on donnait à manger aux femmes enceintes des belettes ou des écureuils pour la santé de leurs enfants à naître. Il s’agit d’une allusion à la malédiction portée par Dieu contre Ève et toutes ses descendantes : leurs peines de grossesse seraient multipliées et les enfants naîtront dans la douleur. Marie est exempte de cette malédiction. On retrouve ainsi l’écureuil dans quelques tableaux représentant l’Annonciation.

L’animal grimpeur est aussi symbole d’agilité et de force. Le prouve le blason des Fouquet, dont Nicolas, l’intendant général des finances de Louis XIV, en est le représentant le plus célèbre. Sur ses armes, un écureuil (fouquet en dialecte gallo) est accompagné de la devise Quo non ascendet? (« Jusqu’où ne montera-t-il pas ? » en latin). Sombre annonce de son destin ascensionnel et tragique.

Un animal petit mais costaud, en somme, qui mériterait de sortir de l’ombre.

Source : Littré,  Michel Feuillet, « Le bestiaire de l’Annonciation : l’hirondelle, l’escargot, l’écureuil et le chat », Italies [En ligne], 12 | 2008, mis en ligne le 01 décembre 2010.

Image : Visuel promotionnel réalisé à l’occasion des 75 ans de Spirou (le personnage et le journal), fêtés en 2013 © Yoann & Vehlmann.