Clinique

Emprunté au latin impérial clinice : « médecine exercée près du lit du malade », emprunté au grec κλινικη (sous-entendu τεχνη) : « id. ».

C’est l’une des choses que vous pourriez apprendre de Patrick Conan si le musée Dupuytren ne fermait pas ses portes le 25 mars 2016 au grand public.

Né en 1835 du legs de Guillaume Dupuytren (professeur de médecine opératoire, 1777-1835) à la faculté de médecine de Paris, le musée fut d’abord installé dans le réfectoire du couvent des Cordeliers puis dans les locaux actuels en 1967 après un passage dans les caves de l’université.

Plus de 6000 items sont conservés dans cette minuscule institution. Ils témoignent de pathologies anatomiques : des cires d’enseignement (dignes des plus grands artistes sculpteurs et coloristes), des pièces osseuses (rappelant les ravages de la syphilis, entre autres), des lésions conservées en bocal (de la pièce de peau au cerveau en passant par des fœtus). Patrick Conan, le responsable des collections, vous oriente parmi les nombreuses étagères en vous introduisant à l’histoire de la médecine, de la santé et des techniques. Tour à tour, vous parlez du paysage sanitaire de Paris au XIXe siècle, de l’invention du stéthoscope (pour des raisons de pudeur), de démons nordiques, de mythologie grecque et de pathologies desquelles nous avons tous été un jour le témoin.

En bref, un patrimoine inestimable qui pose la question suivante : quand le valorisera-t-on ?

Sources : UPMC, CNRTL, Le Journal des arts & et NGV.

Image : John William Waterhouse, Ulysse et les sirènes, 1891, National Gallery of Victoria, Melbourne. Ce tableau illustre un épisode du chant XII de l’Odyssée d’Homère : Ulysse et son équipage, arrivant au détroit de Messine, sont menacés par des sirènes. Pour se prémunir de leur chant, Ulysse fait couler de la cire chaude dans les oreilles de ses hommes après leur avoir ordonné de l’attacher au mât du bateau. Sur cette œuvre, Waterhouse choisit de représenter les sirènes conformément à la mythologie grecque : comme des êtres hybrides à la tête de femme et au corps d’oiseau. Cela lui sera reproché. C’est dans la mythologie nordique que les femmes sont pourvues d’une queue de poisson. Comme ce petit bébé atteint de sirénomélie visible au musée Dupuytren, un cas aussi fatal que les sirènes d’Homère.