Sauvage

Du latin classique silvaticus, dérivé de silva : « forêt ». Nombreuses sont les utilisations du terme « sauvage » à travers le temps pour désigner des paysages, des animaux, des plantes et des hommes : terre inhabitée ; animal non domestiqué ; plante sauvage ; eau vive ; être rude, craintif, solitaire, inculte, voire violent. Parmi eux, la forêt joue un rôle particulier. Quel est-il ?

La tradition a longtemps attribué à la forêt des mœurs peu civilisées. De tous temps en Europe, on s’est méfié de ce territoire dense et ténébreux, dans lequel devaient vivre des hommes et des bêtes menaçant.e.s. Autour de l’An Mil, l’Église s’est d’ailleurs efforcée d’éradiquer l’ours, le roi de la forêt, fort symbole du paganisme. Par la suite, à l’époque gothique, ne vit-on pas triompher la pierre et la ville sur le bois ?

Aujourd’hui encore, la forêt charrie son lot de méfiances. Bram Stoker aurait-il choisi la figure de Vlad III Basarab si celui-ci avait vécu dans un désert sableux plutôt qu’en Transylvanie ? Plus simplement, que le lecteur qui n’a jamais eu peur de se promener seul en forêt, là où le potentiel danger arrive sans se laisser voir, nous jette la première pierre. Et pourtant, n’aurions-nous pas intérêt, pour nous extirper d’un environnement industriel, à nous ruer vers l’obscurité d’un bois, afin d’y retrouver l’odeur réconfortante de la sève et le chant enthousiasmant des oiseaux ? Le calme à l’orée du sauvage.

Sources : CNRTL.

Image : couverture du deuxième numéro du magazine de Terres d’Aventure, pour lequel cette étymologie a été rédigée. Commandez gratuitement votre exemplaire ici.